Le 8 mai 2017
Tous les élèves de 3ème du collège Jean Cocteau ont étudié le roman de David Foenkinos, Charlotte qui relate la vie et l’arrestation à Villefranche-sur-mer de cette jeune peintre juive allemande de génie alors qu’elle était enceinte. Elle fut exterminée à Auschwitz avec son mari. A l’occasion d’une visite du camp d’extermination d’Auschwitz Birkenau par les collégiens de 3ème en mars dernier, les élèves ont décidé d’écrire à Charlotte et ont ensuite lu la lettre à Auschwitz afin de se souvenir des atrocités perpétrées par les nazis pour ne jamais oublier le génocide mais aussi cette jeune fille juive : Charlotte SALOMON.
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Pour lire la lettre écrite par les 3èmes à Charlotte, cliquez sur le lien ci-dessous
Chère Charlotte,
Je t’écris aujourd’hui, en 2017, cette lettre pour te rendre hommage. Je suis extrêmement ému et honoré à l’idée de t’écrire. J’ai découvert ton histoire grâce à un livre, écrit par David Foenkinos, qui s’intitule « Charlotte ».
Je t’adresse ces lignes pour te dire que tu resteras à jamais dans la conscience des hommes pour tes œuvres artistiques et pour ta mort que des milliers d’autres personnes ont partagée. En effet, cette mort nous permettra d’avoir toujours conscience du massacre et de la violence dont ont fait preuve les nazis envers vous, et de se rappeler qu’il y a toujours des fous capables de tels actes dans ce monde plein de violence. Ainsi, j’espère que l’on ne refera jamais la même erreur, celle de laisser faire des choses aussi abominables.
De plus, j’ai été très touché par les multiples épreuves bouleversantes que tu as subies avant ta mort. Je pense, en écrivant cette lettre, à la persécution à laquelle tu as dû faire face dès mille neuf cent trente-trois et notamment à la difficulté que tu as rencontrée pour rentrer à l’école des Beaux-Arts de Berlin dans cette période sombre, toi qui aimais tellement l’art.
Malheureusement, tu es née au mauvais moment et au mauvais endroit. Durant ta jeunesse des hommes ont décidé par folie, par haine et aussi peut-être par jalousie, que toi et les tiens n’avaient pas leur place dans votre propre pays. Ils ont estimé que vous leur étiez inférieurs et vous ont exclus. La folie de ces hommes est allée encore plus loin quand ils ont voulu vous faire du mal et vous persécuter. Cela ne leur a même pas suffi! Ils sont allés jusqu’à décréter que vous n’aviez tout simplement pas le droit de vivre. Ces personnes-là ont commis pire que le crime, pire que l’horreur. Je n’arrive pas à comprendre leur action. La manière dont vous avez été traités a été effroyable. Votre perte a créée un grand vide pour l’humanité toute entière.
Voilà 74 ans que l’intolérance t’a donné la mort, voilà pourtant 74 ans que ton histoire se raconte, s’écrit, se transmet. Charlotte, toi qui avec une frénésie sans nom as peint ta vie, sache qu’aujourd’hui elle fait un écho sanglotant dans nos esprits. Ton ouvre te survit, ton histoire a le cœur qui bat et les poumons qui se gonflent.
Charlotte, toi qui n’as pas eu le droit d’être, toi qu’on a tuée pour ton identité, pour ton nom, pour la terre de tes origines, merci pour ton combat, pour ton art, pour ta force.
Tu es partie du camp de Gurs dans les Pyrénées en mille neuf cent quarante et tu as réussi à regagner Villefranche-sur-mer avec beaucoup de difficultés. Malheureusement à cause d’une dénonciation, tu seras tout de même arrêtée et déportée en septembre mille neuf cent quarante-trois à Auschwitz ou tu seras gazée dès ton arrivée. Tu n’avais que 26 ans…
J’aimerais te quitter en te rassurant et en te disant que nous avons compris la leçon et qu’un tel drame ne se reproduira plus. Cependant je n’en suis pas certaine. Aujourd’hui l’harmonie entre les peuples est loin d’être acquise. Il existe de nombreux points de tension entre les êtres humains. Il est primordial que votre histoire ne soit jamais oubliée et qu’il y ait toujours des hommes et des femmes pour la raconter. J’espère que cela permettra d’éviter le pire à l’avenir.
Après toutes ces épreuves, j’espère que tu reposes en paix, à présent…
Tu resteras vivante en nous grâce à ton œuvre : « Vie ? ou Théâtre ? »